Nancy. « Punk Records », le plus ancien disquaire de France, continue de rythmer la vie des habitants


Installé depuis 1975 rue des Maréchaux, « Punk Records » accompagne des milliers de fans nancéiens dans leurs recherches de vinyles. La petite échoppe a su traverser les époques tout en conservant son atmosphère si particulière. Francis Kremer, gérant depuis l’ouverture de la boutique, nous emmène avec lui dans un formidable voyage musical mêlant les Beatles, The Cure ou encore Taylor Swift.

Francis Kremer, au cœur de son antre « Punk Records ». Photo Charles Martinet

Les couleurs jaune et bleu du vinyle attirent tout de suite l’œil au moment de rentrer chez « Punk Records ». Au-dessus du sous-marin jaune, le nom des Beatles est présenté, dans son style habituel. Venir dans cette institution nancéienne, c’est voyager jusqu’aux années sixties, décennie « coup de cœur » de Francis Kremer. Le gérant, à la tête de l’entité depuis 1975, a découvert le groupe anglais en écoutant les albums de son frère, Claude. « Il avait six ans de plus que moi et je suis tombé dans la marmite vers 11 ans. La musique a toujours été « tout » pour moi », résume le sexagénaire.

Marqué par « Revolver » des Beatles et « Aftermath » des Rolling Stones, le natif de Pompey suit son chemin et ouvre sa petite boutique. Erudit, féru de culture musical, l’homme en a usé des 45 tours. « Il fallait compter une certaine somme. En 1967, un « 45 tours », c’était 6,50 francs. Il y avait deux titres. On écoutait la face A et la face B. Les albums étaient eux un peu plus chers », rembobine Francis Kremer.

En 2025, le vinyle continue d’attirer les passionnés. De tous âges, quelle que soit leur génération. « Chez les « anciens », il y a ce plaisir de l’objet, du toucher, d’écouter l’œuvre. Les plateformes monopolisent le marché de la musique désormais, mais il y a encore un marché de niches », sourit le gérant de « Punk Records ».

Selon lui, les jeunes ne sont pas dans le même état d’esprit au moment d’acheter un vinyle. « La jeune génération est plus axée sur un titre en particulier, entendu dans une série par exemple. On est plus dans la consommation. L’histoire de l’artiste ou du groupe concerné n’intéresse pas forcément les jeunes ». Francis Kremer constate aussi de nombreuses acquisitions pour « l’effet déco » du vinyle. 

« Les générations plus anciennes, si l’on peut dire, ont une culture musicale différente, peut-être plus restreinte, malgré une multitude de possibilités ». Le Lorrain met notamment en avant le rôle émancipatoire que pouvait avoir le vinyle dans les années 60-70. « Il y avait la volonté d’affirmer sa personnalité, de faire passer un message à travers l’écoute des morceaux », se remémore le responsable de « Punk Records ».

Un « Abbey Road » des Beatles est toujours très demandé, peu importe la génération concernée »

Francis Kremer

Si le vinyle a connu son âge d’or dans les années 1980 – « tout le monde avait un album sous le bras les samedis après-midi » -, il a ensuite souffert. Hausse de la TVA, avant une nouvelle baisse dans les années de 2000, apparition de l’informatique et des plateformes de streaming, etc. Pour autant, l’objet continue d’attirer. « Il est évident qu’une Taylor Swift draine un gros pourcentage de ventes, comme c’est le cas aux Etats-Unis. Mais un « Abbey Road » des Beatles est toujours très demandé, peu importe la génération concernée », complète Francis Kremer.

Si les mœurs et habitudes musicales ne sont pas les mêmes, chaque catégorie d’âge partage des similitudes. « Les Beatles, les Rolling Stones, ça reste intemporel. Même pour la génération du « milieu », qui peut avoir un certain pouvoir d’achat. Ils achètent des CD, s’abonnent aux plateformes musicales, mais ils conservent cet attachement, cette nostalgie à l’objet », résume le propriétaire de « Punk Records ». Le vinyle a encore de (très) belles années devant lui.

Charles Martinet

,

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *