Face aux bouleversements climatiques, l’angoisse écologique s’installe dans l’esprit des Français. Mais selon l’âge, cette éco-anxiété ne se vit pas de la même manière. Une étude de l’Ademe (l’agence de la transition écologique) du mardi 15 avril 2025 en dévoile les nuances.

4,2 millions. Selon une étude de l’Ademe (l’agence de la transition écologique), c’est le nombre de Français, âgés de 15 à 64 ans, qui déclarent être fortement ou très fortement touchés par l’éco-anxiété, une forme de souffrance psychologique provoquée par les menaces de la crise écologique sur notre avenir. Mais cette détresse ne touche pas tout le monde de la même manière. L’âge apparaît comme un facteur déterminant dans la manière dont les individus ressentent et vivent cette anxiété environnementale.
Les 25-34 ans plus concernés
C’est dans cette tranche d’âge que l’on retrouve la plus forte proportion d’éco-anxieux. Ils construisent un avenir professionnel et familial sérieusement fragilisé par l’état de la planète. Cette population, souvent engagée et informée, semble particulièrement vulnérable face à l’incertitude climatique.
Chez eux, l’angoisse se traduit autant par un sentiment de désespoir que par un besoin d’agir. « J’essaie de transformer mes craintes en forces en regardant la nature avec plus d’amour », confie Marina, vosgienne de 28 ans.
« Ce n’est pas seulement à la jeune génération de réparer les erreurs de nos aînés, c’est une mission collective. »
sana, 23 ans
Mais cette lucidité environnementale n’est pas toujours synonyme de bien-être psychologique. Pour certains, l’éco-anxiété peut conduire à un mal-être profond, voire à un risque de basculement vers la dépression. « J’essaie cependant de ne pas trop me préoccuper de ce que je ne peux pas changer tout en essayant d’avoir un impact sur mon entourage proche. Mais y porter trop d’attention risque de nuire à mon bien-être », souligne Marina.
15-24 ans, sensibilisés mais moins angoissés
Bien que sensibilisés très tôt à la cause environnementale, les 15-24 ans présentent une forme d’éco-anxiété parfois plus diffuse, mais non moins marquée. « Ma génération a été biberonnée à ces problématiques depuis l’enfance. Pourtant on ne réagit pas tous de la même façon, nous ne sommes pas tous sensibles dans la même mesure », confie Sana, 23 ans, qui vit à Mulhouse.
Leur rapport à l’éco-anxiété est plus instable, mais aussi plus réactif. C’est une inquiétude qui cherche des réponses, des repères, des solutions : « Ce n’est pas seulement à la jeune génération de réparer les erreurs de nos aînés, c’est une mission collective », souligne la jeune Alsacienne.
Cette génération, qui grandit dans un contexte de crise environnementale constante, oscille entre résignation, colère, espoir et activisme. Sana estime que notre époque « souffre d’un manque de volonté politique face à l’urgence » et un sentiment de colère émerge face aux pouvoirs publics.
« C’est pour l’avenir de mes filles que la question climatique m’inquiète. En ce qui me concerne, je suis davantage angoissée par les guerres. »
Claudia, 57 ans
Par ailleurs, l’implication des entreprises compte dans le choix des jeunes salariés. « Notre génération a besoin d’être en accord avec les valeurs de leur entreprise en ce qui concerne son engagement dans le développement durable », conclut la Mulhousienne, qui travaille comme responsable RSE (Responsabilité sociétale d’entreprises) dans une entreprise d’énergie, une volonté pour elle d’agir de l’intérieur.
Les plus de 50 ans semblent moins touchés
Bien qu’inquiets pour les générations futures, la relation des plus de 50 ans à l’éco-anxiété est souvent moins intense émotionnellement, mais peut néanmoins se traduire par un sentiment de regret ou de culpabilité face à l’évolution du monde.
Mais cela ne signifie pas l’indifférence : certains expriment une inquiétude profonde pour les générations à venir, parfois teintées de culpabilité. C’est ce que confirme Claudia, 57 ans, habitante d’Épinal : « C’est pour l’avenir de mes filles que la question climatique m’inquiète. En ce qui me concerne, je suis davantage angoissée par les guerres. »
L’étude montre aussi que la détresse psychologique peut être exacerbée par d’autres facteurs croisés à l’âge, comme le niveau d’éducation, le sexe ou le lieu de résidence.
Si l’éco-anxiété est un phénomène en expansion, ses formes, son intensité et ses conséquences varient fortement. Plutôt que de « pathologiser » cette détresse, l’Ademe encourage à la transformer en moteur d’action. Car si l’éco-anxiété divise selon les âges, elle peut aussi fédérer autour d’un projet commun : celui de s’engager pour un avenir commun plus pérenne.
Donovan Moutinho