Billet. Viager : quand la jeunesse mise sur le décès de vendeurs âgés


Acheter en viager quand on est jeune peut constituer une excellente introduction à l’investissement immobilier. Pour les crédirentiers, souvent âgés, c’est une bonne manière d’améliorer leur fin de vie et de compléter une maigre retraite. Mais derrière cette noble façade plane une idée malsaine : « Plus vite tu pars, plus vite j’en profite ». 

Cela ne signifie pas que les acquéreurs sont cyniques. Il ne s’agit pas ici de condamner le viager dans son ensemble, ni de le réduire à des paris morbides. Il existe des situations où il permet de créer de véritables liens intergénérationnels, où les parties signent en pleine conscience, avec respect et lucidité. Certains dispositifs, comme le viager mutualisé ou solidaire, tentent d’apporter un cadre éthique au modèle.

Il faut néanmoins admettre que le viager installe, dès sa signature, une tension silencieuse entre deux intérêts divergents. Un contrat qui n’échappe pas à une logique de spéculation sur la mort. Où l’on ne négocie pas un prix au mètre carré, mais une espérance de vie. Le vendeur voit un avenir plus confortable en comptant les années qu’il lui reste à vivre. Le locataire calcule le temps qu’il lui reste à attendre et espère un avenir… sans l’autre. 

Alexis Vaury

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