On mesure le temps, le poids, la distance, le volume, la température. L’Homme a commencé à mesurer pour répondre à un besoin précis : faciliter les échanges, étayer des hypothèses techniques ou scientifiques, réguler la société… Il y avait une finalité pratique.
Tel fut le cas aussi pour le temps : quand les civilisations anciennes d’Egypte et de Chine sont parvenues à mesurer le temps, elles ont affiné leurs compétences et commencé à définir des calendriers, des saisons, des cycles de lune, ce qui leur a permis de déterminer les meilleures temporalités pour les récoltes.
Mais quand décidât-on de mesurer l’âge ? Et pourquoi, au fond ?
L’âge se devine. Un nourrisson ne peut pas être pris pour un adulte, ni un vieillard pour un jeune homme. Il est visible. Il peut s’entendre aussi, à travers la maîtrise du langage. Un bébé ne parle pas comme un adolescent.
On est donc en droit de douter qu’il y ait eu, à l’origine, une nécessité absolue de mesurer l’âge. Et pourtant, la notion d’âge reste omniprésente dans notre vie. On calcule l’âge d’une personne à partir du jour de sa naissance, on se réfère à son âge quand elle franchit de grandes étapes : l’âge du bac, l’âge du mariage, l’âge du premier enfant, l’âge de telle maladie, etc.
À un moment de notre Histoire, nos ancêtres ont considéré qu’il était important d’associer un chiffre à une personne. De bénéficier d’un mètre étalon pour classer les gens, les ranger dans des cases. La société a-t-elle accepté sans broncher ou s’y est-elle opposée ?
Dur à dire.
Une chose est sûre : une vingtaine de siècles plus tard, l’âge demeure un simple chiffre. Et toujours une notion abstraite. On le mesure parce qu’il rassure, mais au fond, personne n’est obligé de le prendre au pied de la lettre. L’âge est un choix. L’âge s’oublie. L’âge s’apprécie. L’âge peut être dompté. L’âge peut se savourer. Et parfois même, être oublié. Il suffit de le décider.
Caroline Tsaganas
