Maryse Leduc et Delphine Cesar De Rochefort se sont bien trouvées. Depuis novembre dernier, elles vivent ensemble dans une colocation intergénérationnelle proposée par le groupe SOS (« Un Toit, Deux Générations »). Immersion dans leur quotidien.

La plus jeune, Delphine, a 26 ans. La plus âgée, Maryse, en a 87. 61 ans les séparent donc, et pourtant, elles vivent ensemble depuis novembre dernier, dans un quartier résidentiel de Villers-Lès-Nancy. Trônant dans son fauteuil roulant près de la porte d’entrée, l’octogénaire nous attend avec impatience : « Dès que j’accueille du monde à la maison, je stresse ».
L’habitude de la colocation
Et pourtant, la retraitée, ancienne ergothérapeute, se dit ravie de recevoir, elle qui souffre beaucoup de solitude depuis le décès de son mari. « Mais heureusement, il y a les jeunes », glisse l’octogénaire qui a déjà accueilli « au moins » six autres colocataires avant Delphine.
Après avoir passé un BAC professionnel et un Brevet d’Etudes Professionnelles (BEP) dans l’accompagnement des soins et le service à la personne, Delphine a déjà vécu avec une dame âgée en famille d’accueil. « Dans le cadre de ma recherche d’emploi, j’avais besoin d’un logement d’urgence sur Nancy mais aujourd’hui ça devient très cher. C’est pour cela qu’on m’a orienté vers le groupe SOS ». Puis s’enchaînent deux entretiens, l’un par téléphone, et l’autre chez Maryse, afin de voir si « ça collait entre nous deux », explique Delphine. Quelques semaines plus tard, le contrat de colocation est signé et Delphine emménage chez Maryse… avec son chat.
« J’avais besoin d’un logement d’urgence sur Nancy mais aujourd’hui ça devient très cher. C’est pour cela qu’on m’a orienté vers le groupe SOS »
delphine cesar de rochefort, 26 ans
Créer du lien par le partage
Repas, lecture des horoscopes, « jeu de la crapette » (un ancien jeu de cartes)… Les moments de partage ne manquent pas. « Delphine a aussi le droit de passer la tondeuse et de m’accompagner à la déchetterie », s’amuse Maryse. Mais au-delà du simple partage, « on peut s’apprendre des choses ». Maryse, pour qui « le téléphone, c’est du chinois », découvre ainsi les bases de l’informatique avec Delphine, tandis que cette dernière est accompagnée dans la gestion des démarches administratives. « Je la conseille ou lui transmets des contacts comme pour l’assistante sociale ou les épiceries solidaires, car je connais bien les alentours, et notamment le centre social Jolibois pour lequel j’ai travaillé », explique la retraitée.
La force de ce lien intergénérationnel, c’est « qu’on peut partager, transmettre », tout en acceptant et respectant les contraintes de chacune. « Je fais beaucoup répéter Delphine en raison de ma surdité, ce qui peut parfois être fatiguant mais elle s’y est habituée », sourit l’octogénaire.
La propriétaire des lieux, pour qui ce mode de cohabitation a toujours été un franc succès, précise qu’une chambre supplémentaire avec tout le nécessaire (réfrigérateur, machine à laver…) est encore libre dans sa demeure pour accueillir un ou une jeune, désireuse de partager de bons moments avec elle.
Benjamin Moindrot